Meilleure attaque et meilleure défense des playoffs selon les statistiques, mais auteur d’un 0 sur 9 : le paradoxe Union sous la loupe
Malgré les meilleurs chiffres des playoffs en buts attendus et en occasions concédées, l’Union cale dans les deux rectangles.
- Publié le 15-04-2024 à 19h00
On ne reconnaît plus l’Union Saint-Gilloise, depuis le début des playoffs. L’équipe qui dominait son sujet est fébrile. Pourtant, elle ne fait pas tout de travers, loin de là, mais est plombée par ses approximations en zones de vérité. Explication en chiffres.
Pression et intensité : dans la même veine
L’Union n’a pas réalisé un mauvais match, dimanche, à Anderlecht. “On a mieux démarré qu’à Genk et l’intensité était là”, estimait Blessin dimanche soir. Et le T1 n’a pas tort, quand on regarde de près. L’Union a connu un trou de vingt minutes après le but d’ouverture mauve, mais elle avait bien démarré avant ça et n’a pas loupé sa deuxième mi-temps. L’équipe bruxelloise n’est pas empruntée, comme on pourrait le croire hâtivement. Un chiffre permet de mesurer la qualité du pressing : celui du nombre de passes consécutives effectuées par l’adversaire avant de perdre le ballon (PPDA). Et ce ratio, calculé par Wyscout, est encore meilleur en playoffs (6,4 de moyenne sur les trois matchs) qu’en phase classique (9,4 de moyenne), pour l’Union.
Une efficacité offensive qui plonge
Preuve que tout n’est pas noir, l’Union se crée des occasions. Mais preuve, surtout, qu’il y a un problème : elle n’arrive plus à les mettre au fond. La machine à marquer, meilleure attaque de la phase classique avec 63 buts en trente matchs, cale dans le dernier geste. Une statistique illustre ce constat : celui des “buts attendus” (xG) au regard de la qualité des occasions créées.
Les xG sont bien là, puisque l’Union aurait dû, en théorie, marquer 6,47 fois depuis l’entame des playoffs. Aucune autre équipe du top 6 ne fait aussi bien ; Bruges, numéro 2, est à 6,19. Elle n’a pourtant marqué que trois fois, dont deux penaltys. Ce ratio illustre la crise de confiance traversée par les avants. Mais aussi les gros matchs des gardiens adverses, puisqu’après Warleson la semaine précédente, c’est Schmeichel qui a sorti de beaux ballons, ce dimanche.
Reste qu’en phase classique, c’était tout l’inverse : en trente journées, les Jaune et Bleu s’étaient forgé 67,2 xG et avaient marqué 63 fois, restant grosso modo dans la moyenne des buts attendus, donc.
On fait monter Ross en attaque puis on oublie d'amener des centres dans le rectangle.
Sur le terrain, la paire Amoura-Nilsson ne se trouve plus comme avant ; Puertas est en panne de passes décisives : les choix dans le rectangle adverse ne sont pas les bons. Dans le dernier geste, mais même avant. Ce qu’a d’ailleurs souligné Blessin dimanche, à travers le cas Sykes : “On fait monter Ross en attaque pour la fin de match, mais le problème c’est qu’on n’envoie pas de ballon dans la zone où on est forts (NDLR : dans le rectangle, pour sa tête) avec des centres, mais on combine plutôt par des passes courtes. C’était un non-sens. Et on était loin d’inscrire un deuxième but. “
Inefficacité défensive : 50 % des tirs cadrés adverses font but
Dans l’autre rectangle aussi, il y a des choses à redire. À part au début du match contre le Cercle, l’Union n’a pas concédé pléthore d’occasions, mais encaisse beaucoup trop. La fébrilité d’Anthony Moris, d’habitude si solide, arrive au plus mauvais moment. L’absence de Mac Allister, que Blessin a choisi de ne pas relancer à cause de son manque de rythme, coûte cher. Les erreurs de l’Argentin sur toute la saison se comptent sur les doigts d’une main, et encore, il n’en faut pas cinq. Ne serait-il pas temps de le remettre dans le onze, même s’il n’a plus joué depuis le 28 février ?
L'Union est l'équipe qui a concédé le moins de tirs cadrés en playoffs... mais le plus de buts.
Plus largement, l’Union parvient à être à la fois l’équipe du top 6 qui a concédé le moins de tirs cadrés sur les trois premières journées, mais aussi celle qui a encaissé le plus. Douze tirs cadrés, seulement, ont permis aux adversaires de marquer six fois. Un ratio de 50 % catastrophique auquel il faudra remédier pour remonter la pente. L’arrière-ligne de Blessin s’est trop souvent retrouvée désorganisée face à des projections adverses rapides qu’elle n’a pas su contrer, comme sur le 1-0 de Genk, le 3-1 du Cercle et le 2-1 d'Anderlecht, soit à cause d’erreurs individuelles comme celles de son gardien ou de Terho face à Sardella, soit par manque de souci de repli ou de couverture collective. “On doit relever la tête et être meilleurs dans les deux rectangles” : le capitaine Moris disait juste, dimanche soir. Au moins l’Union sait sur quoi elle doit travailler.